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Introspection + Interview (saison 1)

Une question. Une réponse.
On se pose ici la bonne question à soi-même et on y apporte la bonne réponse… enfin on essaye !

 

Pourquoi avoir créé une maison d’édition ?
Damien Paccellieri

Créer une structure d’édition était une idée qui trottait dans ma tête depuis fort longtemps. Je n’ai pas un repère temporel précis, mais cela doit dater du milieu des années 2000, alors que j’avais à peine plus de 20 ans. Enfant, j’ai eu progressivement une passion pour les livres (qui s’est développée en parallèle de l’intérêt pour les jeux vidéos, pour l’Asie…), et plus particulièrement les livres illustrés, que cela soit des livres de contes, des bandes dessinées (Tintin, Astérix & Obélix, Spirou, Boule & Bill, et puis adolescent beaucoup de SF ou Heroic Fantasy : Sillage, Lanfeust de Troy, Chroniques de la lune noire, La Caste des Méta-Barons, etc.), des encyclopédies (eh oui, avant Wikipédia !), des mangas évidemment (génération Club Dorothée, Akira – premier film d’animation vu au cinéma alors que je n’y comprenais rien (10 ans, mon frère m’avait emmené)… mais subjugué par la forme, Tsukasa Hojo (avec un petit faible pour Family Compo), Cyber Weapon Z, Collège Kimengumi, et j’en passe parce qu’il faudrait y passer des heures à en parler, sans compter les OAV, etc. ), un peu moins de comics (si ce n’est ceux d’Alan Moore, dès l’adolescence avec une adulation pour V pour Vendetta, dont je ne comprenais pas encore tout le contexte, Batman, mon super héros préféré), les livres d’histoire ou de géopolitique (oui, oui, toujours très au fait de ce sujet), les livres d’art (juste pour feuilleter au début)… et alors pas du tout d’intérêt pour… les romans !

Étrange. Dès qu’il y avait du texte, que du texte, je pensais ne jamais arriver au bout, comme si mon imaginaire ne pouvait se faire sans un support imagé.
Cela a duré très longtemps, pour ne pas dire que cela continue un peu, même si je n’ai plus cette difficulté ; l’habitude certainement.

Ce qui fait j’ai une grande carence en littérature française, rattrapée fort heureusement par un appétit plus vorace en littérature asiatique, notamment chinoise et japonaise.
Je ne m’étendrais pas là-dessus, au risque d’y laisser toute l’encre de mon clavier ! Disons que j’aurais pu avoir ma carte de fidélité chez les éditions Philippe Picquier, Babel pour sûr.
Encore maintenant, je reste marqué, par exemple, par Le vendeur de sang, de Yu Hua.

Tout ceci a alimenté mon parcours estudiantin qui m’a peu à peu emmené vers les sciences sociales et les sciences politiques… et à m’engager dans l’écriture sur le web, puis dans la presse en tant que pigiste. L’écriture dans ces différents canaux m’a permis de prendre confiance et qui est un facteur clé pour écrire. J’entends souvent autour de moi des personnes qui souhaitent écrire, mais qui se disent “je n’ai pas le niveau ” ou “mais qui voudra me lire”… C’est une démarche d’abord personnelle, on écrit pour soir, comme on écrirait son journal intime et, progressivement, on commence à écrire pour soi et un peu pour les autres ; la proportion doit d’ailleurs restée celle-ci à mon sens si l’on ne veut pas se perdre dans les méandres de l’égotisme, plus que jamais d’actualité avec les réseaux sociaux.t

Après avoir ainsi servi de plumes pour quelques magazines, j’ai pu comprendre le fonctionnement de ces derniers et être le témoin d’une époque particulière (2000’s-2010’s), à savoir l’arrivée d’Internet et le chamboulement causé par ce dernier. En effet, les rédactions ont implosé pour laisser place à une constellation de pigistes et d’éditorialistes qui ne se rencontraient plus, n’échangeaient plus sur une ligne conductrice afin de donner une identité à leur support écrit. Tout devenait magma, la confusion des rôles et la fragilisation d’un modèle économique faisaient des ravages. Certains modèles naissants, tels les pure-players avaient le vent en poupe. Un vent qui, après quelques années, a vite fait de ne plus souffler dans les voiles.

C’est dans ce moment incandescent pour le journalisme que l’idée de créer une maison d’édition m’est apparue, afin d’être de pouvoir éditer des sujets qui me plaisaient et que je ne pouvais pas ou plus développés avec eux ; c’est aussi l’idée de créer une activité sur le temps long, qui sera appuyé par mon côté geek, graphique découlant vers une activité de création d’identité visuelle, de sites web. C’est enfin une passion dévorante pour le cinéma et de nombreuses rencontres dédiées à ce septième art qui m’ont mis le pied à l’étrier pour faire un magazine en ligne, puis imprimé et vendu en petite quantité (tel un fanzine), une sorte de laboratoire d’essai de ce que serait la maison d’édition ÉCRANS dans un premier temps, puis LES ÉDITIONS DES ÉCRANS quelques années plus tard.
Une idée un peu folle de faire des livres de cinéma, des beaux livres avec toute la naïveté qu’il faut pour se lancer dans ce qui paraissait pour moi, provincial venu à Paris, avec de maigres économies, et issu d’une famille de classe moyenne, improbable.

L’amour des livres et l’amour d’écrire (encore sur papier et à la plume, et seulement ensuite retranscrit/tapé sur ordinateur !) perdurent encore aujourd’hui en remportant chaque jour leurs victoires sur le quotidien “administratif” d’une maison d’édition. Chaque discussion avec des auteur(e)s est une opportunité d’en savoir un peu plus sur le monde, sur moi-même, et de faire connaissance avec de belles personnes ; chaque livre ouvert est toujours une fenêtre vers un certain ailleurs, un moyen de faire voyager mon âme. C’est peut-être cela la raison ultime d’avoir créé une maison d’édition.

 

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