Conseil de lecture
#6
Oh la la, la honte. Un an sans conseil de lecture, oui un an ! Nous nous flagellons à l’heure actuelle pour ce pêcher et reprenons notre baton de pellerin, ou plutôt nos livres dans la bibliothèque pour vous proposer un conseil de lecture aux petits oignons.
Dans cette sélection, de la bande dessinnée, du roman, de l’essai et du beau-livre (oui, car les vitrines des libraires en sont pleins, et parce que c’est notre domaine d’activité dans l’édition)pour une diversité et une pluralité des regards sur le livre.
LE TUEUR
éditions Castermann
– BD –
Bientôt adapté sur Netflix (sortie en novembre 2023) par David Fincher (s’il vous plaît !), la BD de Jacamon et Matz est une petite merveille qui renouvelle cette myriade d’œuvres littéraires, de bandes dessinnées ou d’œuvres cinématographiques dont le sujet est le tueur ; un tueur solitaire pour être plus précis dans notre cas ici. Ainsi, celui que l’on ne nomme pas tout au long des nombreux et excellents tomes (un premier cycle de 13 tomes et un second en cours), est un tueur professionnel méticuleux, d’une efficacité redoutable qui ne cesse de réfléchir comme rarement à des sujets sociopolitiques et géopolitiques. Ses engagements, ses règles d’airin conditionnent sa survie, comme par exemple celles de nouer très peu de lien, de savoir prendre ses distances et de ne pas trop se mêler des affaires de ses commanditaires… jusqu’au moment où l’exception vient briser ce qu’il s’était promis de suivre à la lettre, nous dévoilant alors toute sa part d’humanité dans un milieu qui ne l’est plus vraiment.
MÂLE BAISÉES
éditions Guy Trédaniel
– Essai –
Doura Moutot est féministe et fémelliste. Si cette dernière définition vous semble encore particulière, vous avez raison ; il s’agit là de femmes qui se considèrent femmes au sens biologique et identitaire du terme, lorsque le simple mot “femme” ou “féministe” revendique une féminité de genre, d’identité qui ne tient pas compte du fait biologique, le fait de naître femme. Une fois passé cela, c’est son livre qui nous intéresse avec une revue complète de ce qu’il se passe dans notre intimité et où les hommes ont de sacrés leçons à reprendre afin de se comporter de manière plus égalitaire et harmonieuse. Sur un ton brut de décoffrage, emprunt de jeunesse, ce sont des analyses sociologiques et des sentiments objectifs comme subjectifs qui viennent faire réfléchir, cogiter, et espérons-le réagir voire même faire agir pour que les draps s’en souviennent.
FAN HO. PHOTOGRAPHY. MY PASSION. MY LIFE.
éditions We Press
– Beau-livre –
Fan Ho est, selon nous, l’égal d’Henri Cartier-Bresson, voire peut-être même le plus grand photographe de photo de rue du XXe siècle. Hongkongais, photographe puis cinéaste, il a saisit de tels moments d’éternité qui sont les témoignages les plus précieux d’une époque révolue, où se mêlait la pérennité économique de cette ville portuaire aux couches populaires, à l’architecture entre Occident et Orient. Que dire, sinon s’enduire, chantait Baschung dans l’une de ses merveilleuses chansons ; il en va de même avec les photographies de Fan Ho qui ne méritent même pas qu’on en parle, mais simplement qu’on les voit, car le dialogue s’installe alors pour longtemps, très longtemps ; d’ailleurs, il ne vous quittera plus jamais.
LE DÉFI DE JÉRUSALEM
éditions Albin Michel
– Roman –
Pour être franc, nous ne sommes pas habituellement des lecteurs d’Eric-Emmanuel Schmitt, mais ce roman sous forme de récit de voyage et cette ville, Jérusalem, qui se traverse comme elle traverse l’auteur, nous a conquis. Lieu de pélerinage le plus important pour les trois monothéismes (avec la Mecque pour les musulmans) et ce, depuis des siècles, Jérusalem, faites de pierres et de prières, cherchent constamment la conciliation entre ces croyances là où les peuples ne semblent pas le faire. Aller à Jérusaleme c’est aussi faire son chemin de croix, une épreuve où ses émotions, sa foi sont mis à fleur de peau. L’auteur réussit à nous prendre la main et l’esprit, chapeau bas.
Voilà le printemps !